Et si le modulaire était l'un des reflet des nouvelles conditions de travail d'une frange de plus en plus importante de la population active ?
C'est la question que l'on a envie de se poser après la lecture du passionnant "Enclaves nomades - Habitat et travail mobiles" que vient de publier Arnaud Le Marchand.
Un ouvrage qui dépasse largement le seul sujet de l'architecture modulaire, mais qui lui donne une profondeur historique et sociologique trop rare sur ce sujet.
Selon le sociologue, "depuis la fin des années quatre-vingt, les logements « non ordinaires » : squats, foyers, tentes, caravanes, fourgons,etc. apparaissent de plus en plus fréquemment. Leur présentation médiatique les associe à la grande pauvreté et aux migrations clandestines. Or, l’habitat précaire et mobile est une pratique de groupes professionnels : marchands et industriels forains, travailleurs des transports, salariés du bâtiment et de l’industrie, voire du secteur tertiaire, ou de militaires, autant que de personnes sans emploi ou en situation irrégulière.
Ces formes de logements sont perçues comme relevant de l’exclusion, de la marge extérieure, alors qu’elles sont, depuis toujours, impliquées dans des interstices. Elles occupent des espaces reliés à des fonctions, mêmes invisibles, elles ne sont pas « hors jeu ».
Ce monde du travail et de l’habitat mobile ou précaire doit être pris en compte pour saisir l’ampleur des changements en cours dans les économies contemporaines."